Couverture QuiQuiTriste Un vert de Paris très précis.
Écoutez, laissez les patienter, bien longtemps, qu’ils mûrissent cruellement, avec leurs agissements. Évidemment, vous leur faites savoir que je ne suis pas d’accord. Pour lors, où est l’agent spécial Alice, un haut responsable de votre bureau à Paris, m’a promis de rencontrer l’agent Alice, où est-elle ? C’est une de mes conditions. Je souhaite la voir maintenant, je souhaite communiquer face à face avec elle.
- Elle est l’otage, l’agent spécial Alice est l’otage.
C’est un remue-ménage de fond en comble chez moi.
Tout parle en moi, sauf mes mandibules, aucune personne qui m’entourent, ne voient l’évidence de ma conscience, ils s’interrogent tout de même.
C’est tout de même une blême réalité, je ne peux laisser cette situation sans mon intervention.
Ma résolution est prise en un quart de seconde, cela serait tout à fait horrible de ne pas mettre un plan à exécution pour Alice.
- C’est une collaboratrice discrète sur sa vie personnelle. Vous êtes plutôt en confiance tous les deux. Vous l’avez vu quand la dernière fois, m’espionne un agent avec un micro dernier cri.
- Voici un mois de cela, à votre QG à Paris lors du briefing sur les camps d’entraînement avec les empoisonnements. Elle m’a remis une enveloppe, un pli personnel, on a discuté de choses et d’autres. Elle ne pouvait pas venir à une petite fête organisée, c’est tout.
- Vous n’avez pas essayé de la contacter depuis. Elle vous est apparue dans un état normal. Sachez quelle est une pièce essentielle dans nos services d’État, nos secrets. C’est une mine de renseignements importante. Vous n’imaginez pas si elle était torturée, ce qu'elle pourrait divulguer, m’espionne un autre agent.
Extrêmement tendues, toutes les personnes présentes, s’en remettent maintenant à moi, puisqu’ils souhaitent que je continue avec eux.
Désastreux événement pour tous les services ici présents, ils sont hésitants sur tous les points, ils ne savent pas par où commencer.
- Côté argent, quelques millions sont dans le coffre de l’ambassade. En cas d’une demande de versement d’une rançon, des satellites sont prêts à être réorientés sur nos ordres. Deux hélicoptères et un avion privé sont à notre disposition. Un escadron de militaires établi en renfort est déterminé à servir, me témoigne un de leur sbire.
- Partir, mais partir pour où, vous avez un plan, je suppose ? J’ose espérer que tout votre arsenal en fonction, a une piste à suivre ?
- Poursuivre des kidnappeurs expérimentés, qui plus est, dans leur pays, n’est pas une simple affaire. On attend un signe de leurs parts, un contact.
Il y a un bouquet d’iris bleus le long de la barrière à ma droite.
Un sentier avec ses ornières où l’herbe mélangée aux jonquilles jaunes se mêle à gauche.
Je m’aventure en solitaire dans l’endroit où l’on peut imaginer que la vie disparaît.
C’est le portrait de mon lieu, où je viens de passer seul trois jours dans ma maison de Vernon, après la terrible épreuve que je viens de vivre avec ce petit, le fils d’Alice.
Ma vie est troublée par toutes ces péripéties.
Mon divorce est sous tension avec Nola, il est en cours de procédure.
L’indifférence et le mépris de mes parents envers moi, s’accumulent.
Mes filles sur le papier sont inexistantes.
QuiQuiMiel n’est plus dans mon ciel, Nola a disparu.
Vu d’ici, je domine en contrebas un pré dressé de hautes meules de foins, identiques à des huttes.
Pratiquement toutes les maisons sont cachées par de grands arbres.
Je me dirige à pied à Giverny, mon jardin privé, que Claude met à ma disposition.
Mon parcours se poursuit en longeant le bras de l’Epte qui passe par le parc.
Les jardiniers sont aux affaires, les uns pour tailler les merveilles de cette nature, et les autres pour entretenir avec précaution les nénuphars qui se prélassent au soleil.
Mon oreille droite écoute le chant des grenouilles qui répondent aux cris des oiseaux.
Mon oreille gauche écoute le silence coupé par le vent qui fait bouger les feuilles des peupliers.
Mes yeux balayent la pelouse qui est éclairée par la lumière du soleil bien en forme.
L’énorme chêne sous lequel je suis assis et adossé, cette force de la nature s’étire du sol pour presque toucher le ciel, il est là pour soutenir tout mon être.
- S’être installé à cette place est signe que vous avez besoin de soutien. Sachez que je, que nous serons présents tout le temps pour vous, QuiQuiTriste. Edgar m’a assuré de vous apporter du réconfort dans une toile pour égailler votre cœur. Berthe, vous envoie les fleurs de son tout en couleur, et Alfred vous invite bien volontiers dans , me dit Claude pour tenter d’atténuer mes méfaits, très amicalement.
- Finalement, au milieu de ce somptueux décor, QuiQuiMiel nous manque à tous. Elle nous fait défaut quand elle s’étendait avec sa tête sur vos jambes, à l’abri de son ombrelle. Ou bien quand elle s’allongeait dans l’herbe, face à vous, les yeux dans les yeux, ne parlant plus, laissant le silence prendre place. Grâce à ce tableau je vous adresse toute ma sympathie, me dit Vincent, dans toute sa modestie.
Enseveli par ma sinistre destinée durant deux heures sous ce grand arbre, me voilà secoué par des éclairs et de la foudre.
Je dois avancer et pouvoir régler les choses importantes dans ma vie.
Il faut que je tienne promesse à Michel, que je joigne en urgence Alice sa mère qui est en voyage, que je libère Mira, retenue.
Je suis perdu un instant par les allées et venus de mes pensées à grande vitesse, la résilience de mon cerveau reprend le dessus.
Il me permet de tirer une évidence et une résolution à ces missions, sans dégager d’anxiété.
Réveillé de je ne sais quel sommeil, je me retrouve dans ma chambre, sans avoir connaissance, de m’y être rendu.
En ouvrant en grand la fenêtre, je contemple le ciel radieux, ma première demi-heure s’écoule ainsi.
Je suis assis à la table de la cuisine, dépourvu d’autre meuble, il y a tout de même mon lit.
- Croyant en plus, tu as très bien payé ta liberté, tu as le droit à une prime. Estime-toi chanceux, emporte ces sept bons à rien, voici leurs permis pour sortir du pays, fou le camp, avant que l’on se débarrasse de vous autrement.
Souvent, il y a un sens pour toutes les coïncidences de la vie, les enfants, trois filles et quatre garçons n’ont pas peur de l’instant.
Durant leur détention, les chérubins sont devenus laids, ils ont été certainement beaux, ces gamins sont devenus maigres et blêmes.
Même leurs morphologies en disent long, ils ont tous les sept environ douze ans, on leur en donne neuf ou dix, on perçoit plusieurs saisons de douleurs.
Leurs grands yeux explicites sur leur faciès sont enfoncés dans une sorte de cavité, à force d’avoir tant sangloté.
Les recoins de leurs bouches ont le galbe de l’angoisse, que l’on observe chez les malades, les désespérés.
Éclairé par le soleil, maintenant, leur squelette fait montrer leurs os, et fait rendre leur rachitisme très prononcé.
Les conditions recroquevillées durant leur détention leur font avoir un dos voûté.
Les vêtements du moment qu’ils portent ressemblent à des chiffons.
On voit apparaître ici et là leur peau blanche à travers leurs guenilles trouées et déchirées.
Des aspects sur leurs petits corps laissent apparaître des traces de coups.
Sous leurs attitudes, leurs maintiens, leurs mutismes, leurs regards, on devine de la crainte.
De maints petits souffles réduits au minimum provenant de leur sternum, traduisent l’angoisse, dans le fond de leurs yeux on observe une place à la frayeur, l’épouvante.
Anas De Bernieras
De nombreuses recrues se verrouillent, elles s’agenouillent et dérouillent des innocents.
Dans tous les esprits, de toutes les ethnies, le rouge est présent.
Pas le rouge de la rose qui évapore son émanation, pas la couleur rouge sur certains drapeaux qui volent aux vents, mais le cœur du rouge, l’hémoglobine, le sang.
Nous rêvions d’elle près de nous, Sarah est là.
Voilà le moment que nous avons imaginé depuis bien longtemps.
Palpitant, poignant, vivant en pleine conscience l'instant, son
essence est sur sa maman et mienne.
Sereine représentation, nous sommes témoin à nouveau de l'aube
d'un nouvel être dans la grâce.
Face aux glaces du couloir de la genèse, je dois respecter le
périmètre des naissances, mon errance se reflète dans les vitres.
Vite et lent à la fois, Soumya lui donne vie.
Suivent euphories, soûlas, pleures et joies, tout cela à la fois.
Moi, je peignais cet art depuis le départ de son imprégnation, loin de
la télévision et du frigidaire avec la loi canapé dite : Corona-maison.
Mon rôle de père à présent, contrairement à sa maman qui l’a enrichi
neuf mois, est d’oeuvrer à me situer, je quitte bien volontiers le
télétravail qui m’a été confié.
Goûter ce fruit immédiatement, nous fait ressentir l'ivresse, nos
coeurs ont le vertige de la reconnaître, elle est là, entre nos doigts.
Soit, pour nous, simple mortel que nous sommes, une question nous
dissèque : comment avons-nous reçu cette récompense.
Semence de descendance façonnée amoureusement, la voilà
plongée dans l'accent de qualité du sexe opposé, elle est nourrie
fervemment en sang, élaborée en tissu, puis confectionnée d’un
corps où se trouve un coeur, et un souffle.
Souffle, le notre est séché, cette larme, cette goutte est à la fois tout
cela et, elle est maintenant dans l'univers, une perle, un océan, une
reine dans notre règne.
Sereine, enjôlée, nous l’entendons, nous la voyons, nous la sentons,
elle est arrivée jusque-là.
Voilà que nous lui prédisons la vie, maintenant elle ne demeura pas
là, elle circulera au-delà des terres très calmes sous des édens
cristallins, c’est bien ce que nous lui souhaitons.
Situation parfaite, sous notre tutelle pour notre belle, je viens pour
elle d’un trait discret déclarer sur des actes officiels, mes seings.
Vient qu'un enfant a nos gènes, des gènes qui appartiennent à notre
molécule d'ADN.
Certaines envies surgissent en nous, voilà que nous obéissons à
notre foi.
Sois harmonieuse et gracieuse comme le jour, peu être pieuse, pour
les cieux, nous te souhaitons peu de chose pour être avenante, un
regard, de la joie, une âme, pour notre part, voilà, cela est notre
souhait.
Essaye de prendre soin au mieux de tes jours, plonge tes cris dans
les nuits si tu peux, Dieu apaise chacun de nos pas, ici-bas et il nous
accompagne, à ne pas haïr, mais aimer.
Bébé, poupon, poupée, mioches, ils sont nos nouveaux nés, vos
nouveaux nés, ils sont tous les plus mignons à nos yeux, photos sur
Smartphone, tablette, nous les admirons avec la bénédiction de Dieu.
Heureux retour à la maison, des petits grignotages nous attendent
tous les trois, loin de l’obésité des fêtes traditionnelles, compte tenu
de la quarantaine.
Sereine flemme terminée, nos nuits sont saccadées, les couches
s’empilent par dizaine, les biberons se mêlent aux tétons, peu
importe la période, notre petite Sarah est là.
Voilà notre bonheur, que le plus grand bien nous fasse.
Anas De Bernieras